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« Les programmes de la Marine sont au cœur de l’innovation »

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Contre-amiral Jean-Philippe Chaineau,
Sous-chef d’état-major plans et programmes 

FREMM, Caïman, Rafale… La Marine se dote progressivement d’équipements à la pointe de la technologie. En charge d’accompagner chacun de ces programmes d’armement depuis leur initialisation jusqu’à leur utilisation : le pôle plans-programmes est dirigé par le contre-amiral Jean-Philippe Chaineau, sous-chef d’état-major plans et programmes.

COLS BLEUS : Amiral, quels sont les programmes structurants pour la Marine de demain ?
CA JEAN-PHILIPPE CHAINEAU : Tous les programmes en cours ont leur importance car ils ont tous pour objectif de répondre au besoin opérationnel de la Marine d’aujourd’hui et de demain dans un contexte évolutif. À court terme, cela concerne à la fois les unités de combat, avec par exemple l’emblématique couple FREMM/Caïman ou le sous-marin Barracuda, mais aussi les bâtiments de soutien et de patrouille, comme le B2M. À moyen terme, c’est la future frégate de la classe 4 000T, la frégate de taille intermédiaire (FTI), qui complètera le renouvellement des frégates de premier rang de la Marine. Le futur pétrolier-ravitailleur permettra à nos unités de se déployer loin et longtemps. Par ailleurs, il ne faut pas oublier la défense maritime du territoire (DMT) avec le remplacement de nos patrouilleurs vieillissants qui s’impose : le programme Batsimar doit répondre à cet impératif.

CB : Pouvez-vous nous préciser les caractéristiques significatives de ces programmes ?
CA J.-P. C. : Sans reprendre tous les programmes cités auparavant, je m’attarderai sur ceux dont les premières unités ont déjà été admises au service actif. Les FREMM sont des frégates qui succèdent aux F70 et FAA. Elles se révèlent polyvalentes et endurantes. Elles constitueront la colonne vertébrale de la Marine de demain. Deux ont déjà été admises au service actif (ASA) et la troisième est actuellement en déploiement de longue durée. Jusqu’en 2019, six sont attendues dans la version actuelle. Deux dites à « capacité de défense aérienne renforcée » sont prévues d’être livrées à partir de 2021. Par ailleurs, des travaux sont en cours pour définir une frégate de premier rang de la classe 4 000T à dominante lutte anti-sous-marine (ASM) : la FTI. Le bâtiment multimission (B2M), dont le premier vient d’être admis au service actif, est un bâtiment innovant et polyvalent qui remplace progressivement outre-mer les bâtiments de  transport léger (Batral) et qui assurera des missions de soutien et de souveraineté. Je terminerai avec le NH90, dit Caïman Marine. Il s’agit là d’un hélicoptère de combat embarqué multirôle dont les équipements très évolués sont parfaitement adaptés à la lutte anti-sous-marine actuelle. Déjà 17 ont été livrés à la Marine. Comme la FREMM, il a fait ses preuves lors des derniers déploiements du groupe aéronaval.

CB : Sous-marinier de spécialité et ancien officier de programme Barracuda, pourriez-vous nous parler de ce programme ?
CA J.-P. C. : Le programme Barracuda vise à remplacer nos six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) actuels de type Rubis . La nouveauté de ce sous-marin réside non seulement dans sa capacité de mise en oeuvre des nageurs de combat et de lancer le missile de croisière naval (MdCN), comme la FREMM, mais aussi dans son domaine d’emploi beaucoup plus important que celui des SNA de la génération précédente. Le premier est en cours d’achèvement à Cherbourg.

CB : Quelles capacités nouvelles ces programmes vont-ils apporter à la Marine ?
CA J.-P. C. :  En premier lieu, c’est la projection de puissance : pouvoir mettre en œuvre un MdCN, tant à partir d’un sous-marin que d’une frégate, est une évolution majeure des capacités de la Marine  Ensuite, c’est la robustesse et la cohérence de notre Marine : les nouvelles frégates sont et seront capables de conduire des missions allant de la lutte anti-sous-marine (ASM) à celle antiaérienne en passant par les opérations spéciales. Le Barracuda, quant à lui, assurera toutes les missions d’un sous-marin moderne (ASM, antisurface, opérations spéciales). Les bâtiments de soutien s’inscriront dans cette même dynamique. D’une manière générale, ces programmes ont vocation à produire des unités aptes à évoluer dans un contexte de menace difficilement prévisible.

CB : Quelles sont les ruptures technologiques majeures/innovations qui seront marquantes pour la Marine du futur (au-delà de 2025) ?
CA J.-P. C. : Il ne faut pas simplement parler de rupture technologique, mais plutôt d’évolution de la menace et de la façon dont il faut y répondre. Cela signifie, schématiquement, de savoir utiliser la meilleure technologie au meilleur moment en sachant se projeter raisonnablement dans l’avenir. À titre d’exemple, les radars plaques feront leur apparition dans les années post 2020, ce qui impactera fortement l’architecture de nos bâtiments. Il est fort probable que la réflexion menée actuellement sur les drones soit davantage aboutie et nous en verrons opérer dans tous les milieux. Les systèmes d’information et de commandement continueront à évoluer au rythme effréné des  évolutions de l’informatique. Le travail en réseau des unités aura très certainement pris une ampleur significative, tout comme la gestion des nombreuses données, qui sont déterminantes dans la conduite des opérations. En revanche, une chose restera immuable : la Marine opérera toujours depuis les trois milieux, avec des hommes et des femmes dont les compétences devront être adaptées à ce contexte en perpétuelle évolution.

CB : Plus précisément, quelle place et quel emploi voyez-vous pour les drones dans le futur ?
CA J.-P. C. : La prise en compte des drones va apporter des capacités nouvelles qui viendront compléter celles des moyens existants, voire transformer leur action. Cela ira de l’utilisation dans un cadre où l’homme n’apporte pas de plus-value jusqu’à des situations où le risque opérationnel impose l’emploi de drones. Les travaux menés au CEPA permettent de mettre au point ces premières capacités. Demain, ce seront des capacités pérennes déployables sur FTI afin de valoriser l’emploi de l’hélicoptère embarqué. Le système de guerre des mines SLAMF sera constitué de drones de surface et sous-marins. Les prototypes seront évalués dans les années qui viennent. Ce sera l’ultime étape avant la production en série. Il n’est pas interdit de s’intéresser aussi dans le domaine sous-marin à un glider et dans le domaine aérien au drone de combat.

Propos recueillis par EV1 Alice Gardin

 

 


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