Mi-novembre 2013, le Charles de Gaulle met de nouveau le cap à l’est afin de rejoindre le nord de l’océan Indien et le golfe Arabo-Persique pour son sixième déploiement dans cette région du globe depuis 2001. Le 1er décembre 2013 débute l’opération Bois-Belleau, en référence au centenaire de la Première Guerre mondiale et à la coopération avec les Américains, fidèles alliés de la France(1). Cette opération, précédée d’une dizaine de jours de certification du groupe en Méditerranée occidentale, permet à la France de disposer dans la zone d’une capacité militaire stratégique à la fois souple, autonome et puissante. Durant ce déploiement, l’ensemble du groupe aéronaval « frenchy » interagit avec les forces navales nord-américaines de mi-décembre à début janvier. Faire évoluer deux aéroports nucléaire et militaire ainsi que leur escorte à proximité, dans une zone d’opérations interarmées et interalliées ne s’improvise pas, notamment dans le secteur de la logistique opérationnelle, domaine indispensable pour durer à la mer. Un Rafale Marine est ainsi catapulté depuis le pont d’envol du porte-avions américain Harry Struman. Dans le même temps, le 30 décembre 2013, un F18 américain est mis en œuvre par les équipes de pont d’envol du Charles. Les échanges entre les équipages des deux marines sont nombreux. Les marins de l’US Navy échangent afin de vérifier les procédures permettant aux navires et aux aéronefs d’évoluer en commun, et ce dans les meilleures conditions opérationnelles. La France et les États-Unis sont des partenaires stratégiques de premier plan puisque seules ces deux nations sont dotées d’un porte-avions à catapultes, capable de projection de puissance massive, avec des modes d’actions similaires.
En janvier 2014, le Charles de Gaulle effectue des entraînements opérationnels multinationaux, notamment avec les forces aériennes et navales du Qatar en mer d’Arabie (exercice Ocean Falcon), puis avec les forces armées des Émirats arabes unis (exercice Big Fox). La mission Bois-Belleau dure trois mois. Le porte-avions démontre une nouvelle fois sa capacité à se projeter dans la durée, loin de son port-base.
Arromanches : pouvoir fédérateur du GAN
Dans la continuité de Bois-Belleau, la mission Arromanches(2), nom évoquant la commune du Calvados où fut construit un port artificiel durant le débarquement des Alliés en juin 1944, met à l’honneur la coopération avec les Alliés : Américains et Britanniques. Début 2015, après avoir franchi le canal de Suez, le groupe aéronaval arrive dans le golfe Arabo-Persique. Il opère notamment aux côtés du groupe aéronaval américain, constituant autour du porte-avions Carl Vinson une « Carrier Battle Force » au sein de la TF 50. Cette coopération constitue alors un nouveau pré-positionnement stratégique, permettant de contribuer aux opérations menées par la coalition dans la zone, de renforcer la présence de la France en océan Indien et dans le golfe Arabo-Persique et de recueillir du renseignement. Le 18 novembre de la même année, le porte-avions et son groupe aéronaval prennent désormais le nom de Task Force 473 et quittent Toulon 5 jours seulement après le terrible attentat qui a endeuillé Paris. Les frappes débutent dès le 23 novembre. La mission est baptisée Arromanches 2, avec toujours l’objectif de vaincre Daech. Constitué de 32 appareils, dont 18 Rafale Marine, 8 Super Étendard Modernisé, 4 hélicoptères et 2 appareils de guêt aérien E-2C Hawkeye, le groupe aérien embarqué est le plus puissant que la France ait jamais engagé. Le 7 décembre 2015, le Charles de Gaulle passe une nouvelle fois le canal de Suez et se repositionne dans le golfe Arabo-Persique. Il devient cette fois-ci le bâtiment amiral de la Task Force 50, qui constitue la Task Force des porte-avions américains. Le commandement de cette force par un amiral français est une première, représentant une grande marque de confiance de la part de nos alliés américains.
(1) Bois-Belleau fait référence à une bataille de la Première Guerre mondiale qui s’est déroulée entre le 1er et le 26 juin 1918. Elle marqua le premier engagement des troupes américaines de l’American Expeditionary Force.
(2) En hommage au porte-avions acquis par la Marine à la Royal Navy en 1951, après l’avoir loué durant cinq ans, qui sera retiré du service actif en 1974.
Opération Chammal À la suite de l’offensive lancée par l’État islamique (EI) repoussant les forces armées irakiennes et menaçant le Kurdistan irakien, une coalition internationale est lancée le 19 septembre 2014. C’est l’opération Chammal. Engagée dès les premières heures de l’opération, la Marine déploie de nombreux moyens dans le golfe Arabo-Persique et en Méditerranée orientale pour placer au plus haut niveau la participation française dans la coalition. Les avions de chasse français s’appuient sur les missions de connaissance et d’anticipation menées en amont par les équipages d’Atlantique 2, des flottilles 21F et 23F qui se relaient pour assurer une quasi-permanence en Jordanie. C’est le 1er avion français à être sur la zone. Un mois plus tard, la frégate antiaérienne Jean-Bart et son détachement hélicoptère embarqué de la flottille 36F intègrent la Task Force 50 (TF50), constituée autour du porte-avions USS Carl Vinson. Les équipages de Panther de la 36F participent quant à eux au contrôle des espaces maritimes et au soutien logistique. Durant ces missions, le porte-avions coopère avec de nombreuses marines étrangères : CSG-8 (Carrier Strike Group 8) autour du Harry S. Truman américain, escorteurs européens (FGS Augsburg allemande, BNS Léopold 1er belge, HMS St Albans et HMS Defender britanniques). Du 23 février au 17 avril 2015, lors des 53 jours d’engagement opérationnel du porte-avions, 420 sorties aériennes sont réalisées, dont une cinquantaine avec des frappes. En septembre, l’opération est étendue au territoire syrien pour y « neutraliser » des camps d’entraînement de l’État Islamique. |
Source: Marine nationale
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