La bonne info au bon moment
« La connaissance des mouvements de l’ennemi est un des plus grands éléments d’une parfaite réussite », écrivait Napoléon en 1808. En mer, chaque équipage est un capteur et un analyste de l’information. La collecte et le traitement de l’ensemble de ces informations permettent à la Marine et à l’état-major des armées (EMA) d’appréhender avec précision l’évolution des situations.
L'exemple du groupe aéronavale
« Le centre de renseignements de la force navale (CRFN) répond à trois objectifs : la connaissance et l’anticipation, le renseignement à des fins d’action et l’aide à la décision. Les éléments que nous recueillons grâce à nos nombreux capteurs (Rafale Marine, E2C Hawkeye, hélicoptères, bâtiments d’escorte, SNA) sont des pièces de puzzle. Nous les assemblons pour créer une image la plus fidèle du théâtre d’opérations (la zone où navigue le groupe aéronaval et celle où opèrent les avions du groupe aérien embarqué). Notre rôle est de consolider l’information, l’analyser, la fusionner avec ce que l’on connaît déjà et la partager avec la force. », raconte le LV Fabrice, officier renseignement à l'état-major du GAN
Les commandos marine
« Comme leur nom l’indique, les ESNO (Escouades Spécialisées de Neutralisation et d’Observation), sont employées par la Marine ou le COS (Commandement des Opérations Spéciales) pour des missions d’observation longue distance (jusqu’à 1000 mètres), et/ou de neutralisation (jusqu’à 2000 mètres). Ces missions s’accomplissent aussi bien en mer qu’à terre. En mer par exemple, les missions de neutralisation sont celles opérées dans le cadre de l’action de l’Etat en mer : il s’agit des missions NARCOPS (lutte contre le narcotrafic) et plus généralement de lutte contre les trafics illicites. Les ESNO réalisent aussi des missions de recueil de renseignement d’origine humaine. », explique le PM Éric L.
Les forces sous-marines
En mission Intelligence, surveillance and reconnaissance (ISR), l’officier renseignement a la lourde tâche d’assurer la fusion des informations entre tous les capteurs (optronique, électromagnétique et acoustique) et d’en analyser la cohérence dans la durée. Après une période significative d’observation de plusieurs jours, il s’agit de présenter sous forme de carte l’ensemble des éléments recueillis pour appréhender au mieux l’environnement de la zone. La perception par le SNA de son environnement est d’autant plus pertinente que sa présence reste discrète, ne modifiant en rien les comportements adverses. Au bilan, ces éléments peuvent être utilisés en précurseur d’une mission de projection en temps de paix, pour accroître la connaissance d’une zone d’intérêt.
Les frégates
Le rôle de l’officier Rens consiste à analyser l’activité aéro-maritime dans une zone donnée et à en déduire une évaluation dans la durée. Les performances des capteurs permettent une analyse fine des mouvements d’aéronefs, en particulier dans la branche littorale : taux d’activité, type d’aéronef, profil de vol. Ces précieuses informations améliorent ainsi la connaissance du théâtre.
Interview du Général de corps d’armée Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire.
Mon Général, pouvez-vous succinctement nous présenter la Direction du renseignement militaire (DRM) et ses missions ?
La DRM est le service de renseignement des armées. A ce titre, elle coordonne l’ensemble des unités de recueil de renseignement des trois armées. Sa mission consiste à appuyer les forces en leur fournissant le renseignement nécessaire à la planification et à la conduite des opérations, et à éclairer la prise de décision des autorités politiques et militaires. Elle dispose pour cela de toute la palette des capteurs existants, soit en propre soit mis à sa disposition par les armées, tels que le bâtiment d’interception électromagnétique « Dupuy-de-Lôme ».
Qu’attendez-vous des marins affectés à la DRM ?
Les marins de la DRM, qui représentent 18 % du personnel, apportent leur expérience et leur compréhension du monde maritime pour produire du renseignement au profit non seulement de la Marine mais de toutes les armées. Ils ont toute leur place dans cet organisme interarmées. Ce qui renforce la qualité du renseignement fourni par la DRM, c’est le croisement des différentes cultures d’armées et du monde civil.
Quelle est la place du renseignement d’intérêt maritime au sein de la chaîne du renseignement ?
La DRM a besoin des informations fournies par la Marine pour produire un renseignement précis et recoupé avec celui d’autres organismes. De ce point de vue, les outils d’analyse et d’appréciation de la situation maritime mis en œuvre par le CRMar offrent à la DRM une vision complète des modes d’action et des moyens des acteurs étatiques ou non-étatiques présents en mer et présentant un intérêt militaire. De même, la DRM s’appuie sur les commandants de zone, qui sont les meilleurs experts de la zone dont ils ont la responsabilité. À l’inverse, la Marine a besoin des renseignements d’environnement obtenus par la DRM. Cela est vrai, par exemple, à chaque escale de ses bâtiments afin que l’équipage adopte une posture de protection adaptée aux risques locaux. Le renseignement d’intérêt maritime est donc essentiel dans l’analyse de la menace. Elles fournissent un apport majeur car les moyens de la Marine couvrent l’ensemble du spectre, du renseignement électromagnétique (Dupuy-de-Lôme), au renseignement humain (commandos), en passant par le renseignement image (Atlantique 2) et le renseignement acoustique, domaine d’excellence de nos sous-marins.
Qu’en est-il du travail des unités de la Marine dans le domaine du renseignement ?
Elles fournissent un apport majeur car les moyens de la Marine couvrent l’ensemble du spectre, du renseignement électromagnétique (Dupuy-de-Lôme), au renseignement humain (commandos), en passant par le renseignement image (Atlantique 2) et le renseignement acoustique, domaine d’excellence des sous-marins.
Pourquoi la continuité du renseignement entre le domaine maritime et le domaine terrestre est-elle si vitale ?
Les menaces ne se cantonnent plus aux frontières des pays ou des milieux. Les flux migratoires, que nous suivons de près, reliant le Levant aux côtes européennes via la Méditerranée en sont un bon exemple. Du point de vue opérationnel, les bâtiments projetés doivent pouvoir disposer d’un renseignement précis et « actionnable » sur le théâtre d’opérations avant d’envisager toute intervention depuis la mer. La mission du GAN actuellement déployé au Levant illustre parfaitement cette continuité entre la situation tactique sur terre et sur mer.
Assurer un partage et un recoupement efficaces du renseignement constitue un axe d’effort permanent pour la DRM. Le développement d’un « wikirens » au niveau interarmées – à l’instar du wikirens de la Marine – doit justement permettre de répondre aux besoins en renseignement des armées selon une logique non plus de milieu mais de transversalité des menaces.
Source: Marine nationale
Droits: Marine nationale