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La guerre de Crimée (1854-1856)

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Mars 1854, la France de Napoléon III forme une coalition avec l’Empire ottoman, le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne pour s’opposer aux troupes du tsar Nicolas Ier. La guerre de Crimée sera le premier combat mené conjointement par les Britanniques et les Français après sept siècles de conflits. Au terme de terribles batailles en mer Noire et en mer Baltique, la coalition  triomphe des Russes mais le bilan est en demi-teinte côté français. Gros plan sur un conflit oublié, que les spécialistes considèrent comme la première guerre moderne du fait des armes et des moyens de propagande utilisés. 

Une victoire forte mais amère 

 
Dans la rade de Sinope, au nord de la mer Noire, la Turquie subit une cinglante défaite navale en novembre 1853. Pessimistes, les Franco-Britanniques passent de l’interposition à la guerre le 27 mars 1854. Les côtes de la Crimée sont le principal théâtre d’une lutte de deux années, menée également en mer Baltique, en mer Blanche et sur les côtes russes du Pacifique nord. Les mois suivants, les marines alliées verrouillent le Bosphore et croisent en mer Noire. En juin 1854, les bâtiments alliés projettent 50 000 hommes à Varna, en Bulgarie. L’offensive terrestre fait toutefois long feu. Devant les menaces autrichiennes, les troupes russes ont évacué les principautés danubiennes. La flotte russe de la Baltique se retire dans Kronstdadt, l’avant-port de la capitale, tandis qu’une partie de la flotte de la mer Noire se saborde pour verrouiller l’entrée du port de guerre de Sébastopol.
 
DES COMBATS TOUS AZIMUTS
Pour briser ce potentiel naval, le bombardement des arsenaux de la Baltique et de la mer Noire s’impose, mais cette offensive n’est pas engagée avant la fin de l’été et échoue. Après l’échec de l’assaut du 17 octobre 1854, le siège en règle de Sébastopol s’impose en plein hiver. Les flottes alliées, dont les équipages participent aux combats d’artillerie à terre, assurent surtout des missions logistiques, ponctuées d’accidents et de pannes. 
Dans la mer Baltique, où la Marine impériale est tout au plus l’auxiliaire de la Royal Navy, la prise de Bomarsund, le 16 août 1854, est le seul grand succès des alliés que les épidémies comme le scorbut déciment. L’hiver venant, il leur faut quitter ces eaux septentrionales. Les leçons des échecs et des succès sont tirées. Les marines programment au printemps des raids côtiers en mer Blanche, sur le littoral finlandais comme dans la mer d’Azov, où les dépôts ennemis sont abondants.
Au printemps 1855, des canonnières, des chaloupes porte-mortiers, des bombardes et des vapeurs bien armés sont rassemblés pour former l’avant-garde des escadres où les navires de ligne servent d’escorteurs et de transport de troupes. Parallèlement, la construction de batteries flottantes cuirassées est engagée. Pour parer à cette menace, les Russes associent aux moyens de défense classiques, tels les milices, des armes nouvelles et fort peu efficaces : les premières mines sous-marines. 
En Baltique, le fort de Sveaborg est écrasé sous les bombes les 9, 10 et 11 août 1855, tandis que les côtes de la mer Blanche sont harcelées. En mer Noire, les flottilles alliées, forçant le détroit de Kertch, passent en mer d’Azov dont elles ravagent les côtes. Les opérations dans le Pacifique nord s’avèrent en revanche aussi décevantes qu’en 1854. Moins ravitaillée et soumise à des assauts répétés, la garnison de Sébastopol finit par évacuer la base en septembre 1855. 
Le 17 octobre, les forces navales, ayant intégré trois chalands cuirassés français, ont raison du fort de Kinburn, qui protège la base de Nikolaiev. Le bombardement de cet arsenal, bien défendu, est toutefois suspendu. La mort du tsar Nicolas Ier, la chute de Sébastopol et l’état calamiteux des finances encouragent le nouveau tsar, Alexandre II, à négocier. Le spectre d’une attaque amphibie contre sa capitale, voire d’un assaut contre Nikolaiev, contribue à la sortie de crise. Le tsar et ses troupes capitulent, mieux les Russes ratifient en avril 1856 le traité de paix de Paris qui entérine la fin de ce conflit. 
 
 
UN BILAN EN DEMI-TEINTE 
La Marine française du Second Empire sort forte, mais amère de cette guerre. De longues navigations dans des mers difficiles ont amélioré les capacités manœuvrières de ses officiers. Accélérée par le conflit, la généralisation de la vapeur sur les navires de ligne est achevée dans les eaux européennes. Au début des années 1860, la mise en chantier de premières frégates cuirassées renforce le prestige du pays et ses exportations militaires. 
Mais la Marine n’a pas mené la guerre d’escadre ou de frégates qu’elle espérait. Ses missions logistiques ont été mal reconnues. Nombreuses certes, les « descentes » (à terre) n’ont donné lieu à aucun fait d’armes aussi mémorable que la bataille de l’Alma. Enfin, la Marine a servi d’autres intérêts. Imposées par le traité de Paris, la neutralisation de la mer Noire et l’interdiction de la guerre de course, bénéficient d’abord aux Britanniques. Autant de déceptions et de frustations auxquelles doivent faire face les officiers de marine, d’autant plus perplexes que la supériorité navale française est manifeste.  
 
Patrick Louvier, Maître de Conférences - Université Paul-Valéry, Auteur de La Puissance navale et militaire britannique en Méditerranée, 1840-1870 Service historique de la Défense, 2006
 
 

La guerre de Crimée en 6 dates

• 27 mars 1854 : Pour soutenir l’Empire ottoman menaçant d’être défait, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à la Russie.
• 14 septembre 1854 : Débarquement des alliés en Crimée. Retranchés sur les hauteurs de la rivière de l’Alma, les Russes sont décidés à leur couper la route de Sébastopol. 
• 25 mai 1855 : Offensive amphibie alliée en mer d’Azov.
• 8 septembre 1855 : À terre, le général français Mac Mahon parvient à s’emparer de la position fortifiée Malakoff, prononçant la phrase devenue fameuse : « J’y suis, j’y reste. » Trois jours plus tard, les Russes évacuent Sébastopol après avoir détruit ses fortifications.
• Octobre 1855 : Outre les offensives terrestres, ce conflit a aussi été une bataille navale dans la mer Baltique où est déployée une flotte franco-britannique qui pratique une guerre dite « de canonnier ». Les armes modernes (mines et torpilles) sont mises en œuvre pour la première fois.
• 30 mars 1856 : Ratification du traité de Paris qui met fin de la guerre de Crimée. Victoire militaire et diplomatique de la coalition. L’empire français réapparait clairement dans le jeu politique des grandes nations.

Source: Marine nationale
Droits: Marine nationale

 

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