24 décembre 2017, 20h00 : « clair pour la vacation » dit le radio de quart, signifiant par là qu’il vient de recevoir tous les messages destinés au sous-marin. A la mer, le SNLE, pour rester le plus discret possible, n’envoie jamais de messages mais il reçoit des informations du centre opérationnel des forces sous-marines à terre.
Au Poste Central Navigation Opérations (PCNO) du sous-marin, l’exploitation des messages est quasi instantanée. L’adjoint de quart exploite la situation renseignement qui va permettre au sous-marin de se positionner loin de toute menace. Un terme qui peut paraître incongru pour une personne extérieure mais, sous l’eau, le SNLE, s’il n’a pas d’ennemi, n’a pas non plus d’ami. L’invulnérabilité est bien la clé de voûte de la patrouille.
En cette veille de Noël, d’autres messages aussi, ont été reçus : les fameux « famili » de Noël, quelques lignes à peine par personne, reçues des familles et adressées à chacun. Le radio les imprime soigneusement et les met dans des enveloppes individuelles. Demain, chaque marin trouvera une enveloppe à côté de son assiette, pour le repas de Noël. Les sous-mariniers ne le liront que plus tard en s’isolant quelques instants, rejoignant ainsi par la pensée leurs familles restées à terre car, bien-sûr, il n’est pas possible pour eux d’y répondre.
Ce récit imaginé pour l’occasion permet de s’associer à ces sous-mariniers qui vivent plusieurs mois coupés du monde. Ils savent que c’est le prix à payer pour une mission dont tous, à bord, connaissent l’importance : la permanence à la mer de la dissuasion nucléaire. Chacun sait en effet qu’il en va de l’indépendance et de la puissance de la France.