Le téléphone d’astreinte opérations sonne. Le directeur adjoint du Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (Ceppol) reçoit l’appel. Alerté d’une collision entre deux navires en rade de Hyères, il recueille les premiers éléments de l’accident. Plusieurs centaines de mètres cubes de fuel lourd menacent de se répandre dans la rade. Il s’agit là d’un exercice mais, comme en opérations, chaque minute compte.
Les actions réflexes commencent par l’analyse de la situation : variables environnementales, type de produit, situation des navires concernés… Tous ces facteurs conditionnent la réponse opérationnelle. Après une première analyse collégiale menée par le directeur et ses adjoints, la projection d’une équipe opérations est décidée. Elle se compose du CV Reina, directeur du Ceppol, de deux officiers et de deux techniciens qui forment l’échelon opérationnel. Le directeur adjoint et un technicien rejoignent, quant à eux, les structures de gestion de crise et d’intervention au centre opérationnel pour conseiller le préfet maritime. Les équipes s’affairent aux derniers préparatifs. Sur la base des éléments connus, un plan d’action est préparé et les moyens nécessaires à l’intervention sont rassemblés.
S’agissant d’un exercice, le personnel du Ceppol ainsi que les unités participantes sont déjà prépositionnés à Toulon. En situation réelle, les deux équipes du Ceppol rallieraient au plus vite par tous les moyens disponibles.
Mobilisation internationale
Des moyens militaires et civils, maritimes et aériens, italiens, monégasques et français sont mobilisés pour l’exercice. Avant d’appareiller, les unités sont briefées en anglais. Leurs tâches et leurs zones de travail sont définies. Rien n’est laissé au hasard…
Embarqué le soir même sur le bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD) Jason, l’échelon opérationnel du Ceppol prépare l’intervention. Le directeur, en qualité d’officier coordinateur des opérations sur zone (OSC pour On Scene Coordinator), veille à la manœuvre depuis la passerelle. L’officier opérations effectue le COMCheck, c’est-à-dire qu’il prend contact avec chacun des bâtiments impliqués et leur confirme leur zone d’action. Le premier aéronef survole la zone : les opérations peuvent commencer. L’aéronef rend compte de la situation : cinq nappes de fuel sont détectées. La pollution intervenue le soir précédent s’est fragmentée. Le mode opératoire prévu par l’OSC est cohérent : les zones de travail ad hoc prévues sur le papier sont mises à jour au fur et à mesure de l’opération. Chacun sait ce qu’il doit faire.
Toutes les heures, chaque navire rend compte. Au rythme des survols, la situation tactique s’éclaircit : les unités de lutte ont récupéré la grande majorité du polluant présent en surface. Mais une partie se rapproche de la côte. Les capacités de stockage des navires de lutte sont pleines : il s’agit maintenant de décharger au plus vite les bâtiments de lutte et d’engager une lutte de second rideau au plus près de la côte.
Lutte en zone côtière
Le lendemain, les opérations continuent en zone côtière. Sous la coordination de l’OSC, trois navires de pêche équipés de chaluts de récupération d’hydrocarbures effectuent « des rails » devant Hyères. La majorité du pétrole est ainsi récupérée. Chaque mètre cube de produit pompé en mer évite une dizaine de mètres cubes de déchets à récupérer à terre. L’exercice Polmar Méditerranée 2017, qui s’est déroulé du 4 au 5 octobre 2017, touche ainsi à sa fin. Si le téléphone sonne à nouveau… le dispositif est paré à intervenir !
LV Charles-Henri, officier opérations du Ceppol