RIEN NE S’EST PASSÉ COMME PRÉVU POUR LA FLOTTE FRANÇAISE .
C’est le constat lucide que dresse l’auteur, Luc-Antoine Lenoir, journaliste et o cier de réserve de la Marine, à la n de cet ouvrage passionnant. L’épopée tumultueuse commence le 3 juillet 1940 à Londres, avec la création des Forces navales françaises libres (FNFL). L’ordre est signé du vice-amiral Émile Muselier, le premier o cier général à avoir rejoint de Gaulle, à peine trois jours auparavant. À cette date, les FNFL ne disposent d’aucun bâtiment. Pourtant, un an avant, la France possédait la 4e marine du monde. Entretemps, tout a été bouleversé. Il y a eu l’invasion nazie (la campagne de France, débutée le 10 mai 1940), le rembarquement de Dunkerque (26 mai-4 juin), l’annonce de la n des combats par le maréchal Pétain (17 juin) et le lendemain, l’appel à poursuivre la lutte du général de Gaulle. Pour les marins qui décident de continuer à se battre, les épisodes qui vont suivre seront valeureux : ralliement immédiat du sous-marin Narval à la France libre, participation active du cuirassé Courbet à la défense antiaérienne de Portsmouth lors de la bataille d’Angleterre, exploits des corvettes Flower-class (dont l’Aconit) à partir de 1941 ou des vedettes lance-torpilles de la 23e ottille à partir de 1942.
Les FNFL combattent bravement en mer mais aussi sur terre avec le 1er régiment de fusiliers marins (RFM) qui s’illustre à Bir Hakeim, le régiment blindé de fusiliers marin (RBFM) qui s’enfoncera jusqu’au coeur du IIIe Reich pour participer à la prise de Berchtesgaden et du Berghof, la résidence d’été d’Hitler, ou encore le commando Kie er composé des seuls Français présents lors du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944. Et, sans oublier, bien sûr, des personnalités d’exception comme le capitaine de corvette Honoré d’Estienne d’Orves, mort pour la France, qui fut exécuté par les Allemands en août 1941. (C. D.)
Résister sur les mers – Histoire des forces navales de la France libre, Luc-Antoine Lenoir, Éditions du Cerf, 288 pages, 24 €.