La Marine dispose de moyens adaptés aux spécificités de ce territoire ultramarin. La base navale de Dégrad-des-Cannes, près de Cayenne, a vu le jour en 1992. Elle abrite deux patrouilleurs Antilles-Guyane, deux vedettes côtières de surveillance de la Gendarmerie maritime et une embarcation relève-filets.
Les PAG La Confiance et La Résolue
Modernes et polyvalents, les deux patrouilleurs Antilles-Guyane sont parfaitement adaptés aux conditions environnementales, climatiques et opérationnelles du territoire guyanais, et plus généralement de l’arc antillais. Ils ont été conçus pour opérer aussi bien en haute mer que dans les faibles fonds.
Dotés de systèmes de détection (radar et optronique), de communication et de sécurité modernes, ils sont également capables de mettre à l’eau très rapidement des embarcations et disposent d’équipements de lutte antipollution. Ils sont armés d’un canon de 20 mm téléopéré et de deux mitrailleuses de 12,7 mm.
Si la protection des pas de tir du centre spatial guyanais est au cœur de leur mission, ils mènent aussi des opérations de police des pêches et participent à la lutte contre les trafics illicites et le contrôle des flux migratoires. Ils réalisent également des missions de service public : surveillance de la navigation, sauvegarde des personnes et des biens, sauvetage et assistance, lutte antipollution. Enfin, ils remplissent des missions de rayonnement au cours de leurs escales dans les pays voisins et dans la zone antillaise. Leurs principales destinations sont le nord du Brésil (Belém, Natal…), le Suriname (Paramaribo) ou les îles des Caraïbes (Martinique, Sainte-Lucie, Saint-Barthélemy…).
Question au
Capitaine de corvette Mathieu Kuhn, commandant du PAG La Confiance.
COLS BLEUS : Quelles sont les spécificités de votre bâtiment ?
CC MATHIEU KUHN : Successeur des P400, le patrouilleur Antilles-Guyane est un nouveau type de bâtiment dédié à la Guyane et à son environnement. Il a été conçu pour répondre à des exigences militaires bien spécifiques, mais selon des normes maritimes civiles. Il bénéficie d’une gestion des équipements fortement automatisée tout en offrant un bon confort de vie à bord. Ceci permet d’en assurer la conduite avec un équipage optimisé (24 personnes). Taillé pour la Guyane et ses conditions particulières, le PAG a un faible tirant d’eau (3,2 m) qui lui permet de réaliser des opérations en eaux peu profondes, refuge privilégié des pêcheurs illégaux. Sa motorisation souple et silencieuse, ses équipements de vision nocturne et son système de mise à l’eau des embarcations permettent de mettre en œuvre l’équipe de visite de manière discrète et rapide, au plus proche des cibles.
C. B. : Pourriez-vous nous décrire succinctement votre activité au cours de l’année passée ?
CC M. K. : L’activité des PAG est construite autour de leurs deux missions principales :
la surveillance des tirs depuis Kourou et la préservation des ressources halieutiques. Les incursions de pêcheurs illégaux surinamais ou brésiliens sont récurrentes. Elles nous amènent à intervenir toute l’année pour stabiliser leur niveau de présence au plus bas, en maintenant une pression constante sur ces bateaux. Nous œuvrons pour cela en coordination avec les douanes, la gendarmerie maritime et le soutien de la base aérienne 367, à Cayenne. Nos arrêts techniques à Fort-de-France ont été, cette année encore, l’occasion de faire relâche dans notre ville marraine de Saint-Barthélemy. Nous avons également poursuivi notre coopération avec les forces armées aux Antilles dans le cadre d’opérations de lutte contre le narcotrafic d’opportunité. Enfin, nous avons fait escale à Belém, renforçant ainsi notre coopération avec la marine brésilienne et nos liens avec ce pays.
C. B. : Un mot sur l’équipage… Comment les marins s’adaptent-ils au contexte particulier de la Guyane ?
CC M. K. : L’écrin vert de la Guyane, l’histoire riche de ce territoire et son brassage multiculturel offrent une occasion unique aux marins de vivre des expériences extraordinaires et de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Chaque sortie à la mer est une opportunité de réaliser des opérations concrètes en relative autonomie, chaque sortie en famille celle de découvrir une faune et des paysages hors du commun. Les missions exigeantes des PAG, menées avec un équipage resserré, nécessitent l’engagement et le soutien de tous, à tout instant. Ceci a permis de développer une identité très marquée basée sur un fort esprit d’équipage et une cohésion particulièrement importante. Nos marins sont engagés, résilients, ingénieux et capables de s’adapter. Sur place, les familles sont soudées et leur bien-être est au cœur de nos préoccupations. C’est une condition sine qua non pour avoir un équipage efficace à la mer.
Info +
La vessie natatioire est un organe servant à l’équilibre hydrostatique des poissons et qui se présente sous la forme de deux poches gazeuses. Les vertus aphrodisiaques et curatives qui lui sont attribuées, à tort, ont pour conséquence le développement d’une pêche et d’un trafic illégaux qui menacent la population des acoupas, poissons tropicaux des eaux guyanaises. En effet, pour obtenir un seul kg de vessie, 30 kg d’acoupas sont nécessaires.