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« Le groupe aéronaval est un véritable catalyseur de coopération, partout où il passe » CA Marc Aussedat

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« Le groupe aéronaval est un véritable catalyseur de coopération, partout où il passe. » Contre-amiral Marc Aussedat commandant le groupe aéronaval du 3 juin au 7 juillet 2019.

Alors que la mission Clemenceau a pris fin, le contre-amiral Marc Aussedat, commandant de la Task Force 473 constituée autour du porte-avions Charles de Gaulle, revient sur les enjeux et les temps forts de ce déploiement.

Cols bleus :Quel bilan dressez-vous de la mission Clemenceau ?
CONTRE-AMIRAL MARC AUSSEDAT : De la mission Clemenceau conduite du 5 mars au 7 juillet 2019, je retiens qu’elle est un plein succès et qu’elle a exprimé les qualités intrinsèques du groupe aéronaval (GAN) composé autour du Charles de Gaulle. Le GAN est tout d’abord un redoutable outil de projection de puissance et de maîtrise des espaces aéromaritimes, précieux pour la France et reconnu par nos partenaires. De la Méditerranée à la zone Asie-Pacifique, le Charles de Gaulle et son escorte ont contribué à sécuriser les zones traversées et ont ainsi participé à la défense de nos concitoyens et des intérêts de la France.

Le GAN a confirmé être un agrégateur de forces. Dispositif unique en Europe, il est également un formidable catalyseur de coopérations qui a joué en la matière un rôle important tout au long de la mission, au travers de la réalisation de 29 interactions avec 18 pays.
La maîtrise des espaces et l’affirmation des principes auxquels la France est attachée ressortent également dans le bilan de ce déploiement. Ainsi par son action, le GAN a permis de préserver la liberté d’action en haute mer en défendant la liberté de navigation. Outil polyvalent par son aptitude à récolter, agréger et fusionner le renseignement, il a contribué directement à l’appréciation autonome de la situation de la Méditerranée au Pacifique. Pendant quatre mois, il a été prépositionné, prêt à intervenir dans tout l’arc de crise de la Méditerranée orientale à l’océan Indien.

C. B. : Quels en ont été les temps forts ?
CA M. A. : Trois points forts ressortent de cette mission. Le premier est l’engagement des aéronefs du porte-avions dans la lutte contre Daech lors du prépositionnement du GAN en Méditerranée orientale. Durant un mois, 140 sorties ont été menées par nos pilotes intégrés au sein de la Coalition, contribuant à la chute du dernier bastion de l’État islamique dans la ville syrienne de Baghouz et, par là même, à la sécurité des Français. Le second est la présence du GAN à Singapour pour la première fois depuis 2002. Le troisième concerne les actions de coopération conduites avec l’Égypte, tout récemment, et avec l’Inde au mois de mai dernier.  

C. B. : Pourriez-vous évoquer la nature des coopérations conduites, durant ce déploiement, aussi bien dans le domaine de l’escorte du Charles de Gaulle que dans celui des activités réalisées ?
CA M. A. : Les interactions menées tout au long de notre mission ont été de différentes natures. Tout d’abord, nous avons accueilli au sein du groupe aéronaval des frégates britannique, danoise et portugaise. Puis, régulièrement, nous avons mené des actions de coopération avec des partenaires dont nous avons croisé des bâtiments en différents points de notre itinéraire. Nous avons également conduit des manœuvres ambitieuses, planifiées de longue date, avec les deux partenaires importants de la mission qu’ont été l’Égypte et l’Inde. Enfin, de manière générale, le GAN a mené des actions de coopération avec toutes les marines riveraines des zones de transit.
Le GAN est un véritable catalyseur de coopération, partout où il passe.

Sur un trajet équivalent à une fois et demi le tour du monde, de Toulon au golfe de Thaïlande, le groupe aéronaval a conduit des interactions avec 23 nations, dont certaines avec lesquelles il est rare de travailler à un tel niveau. À cet égard, notre présence en Asie-Pacifique a permis d’interagir de manière inédite avec les marines australienne et japonaise (exercice La Pérouse) ainsi qu’avec les marines riveraines (indonésienne, malaisienne, singapourienne et vietnamienne). Les interactions avec les cinquième, sixième et septième Flottes américaines au cours d’une même mission constituent également un fait sans précédent dans un déploiement du groupe aéronaval.

C. B. : Quels étaient l’intérêt et la signification de la présence du groupe aéronaval en Asie ?
CA M. A. : Précédée d’exercices bilatéraux avec le Japon, l’Australie et les États-Unis, la présence du GAN en Asie a été ponctuée par la relâche opérationnelle du porte-avions et de deux de ses escorteurs à Singapour, où se tenait le Shangri-La Dialogue en présence de Florence Parly, ministre des Armées. Ce moment fort de la mission a permis d’associer le GAN à l’exposé de la stratégie française dans la zone indopacifique et, par notre simple présence, d’accompagner de faits les propos de notre ministre. Ce rendez-vous important de la mission Clemenceau marquait le second passage du GAN à Singapour. Cette période a également coïncidé avec une patrouille de la frégate Forbin dans l’archipel des Spratley, en signe d’attachement de la France à la liberté de navigation.

C. B. :Quels enseignements tirez-vous de ce déploiement opérationnel ?
CA M. A. : Ce déploiement a confirmé la pleine capacité d’un GAN modernisé, résultat des travaux de la refonte à mi-vie du porte-avions l’an dernier. Les évolutions du système de combat, l’intégration de l’hélicoptère Caïman au sein du groupe aérien embarqué et le passage de notre chasse embarquée au standard « 100 % Rafale » sont les signes visibles de cette montée en gamme.

La mission Clemenceau a permis, sur 36 000 milles nautiques, de relier la Méditerranée à la zone indopacifique. Sur son itinéraire, les unités du groupe aéronaval ont observé et sillonné un grand nombre d’espaces aéromaritimes qui sont autant d’environnements naturel, tactique et géopolitique dont il est essentiel d’extraire et d’analyser les caractéristiques au travers d’un très grand nombre d’informations recueillies. Grâce à la mission Clemenceau, le GAN maintient son avance en expérimentant de nouvelles tactiques et de nouveaux systèmes qui lui permettront de conserver son ascendant opérationnel.

Durant ces 125 jours de mission, les marins ont été les meilleurs ambassadeurs du savoir-faire militaire français et de son expertise dans la lutte sous la mer, la lutte sur la mer et la lutte dans les airs. Je suis fier de l’investissement de chacun comme d’avoir été à la tête de tels équipages.  

Propos recueillis par le CC Olivier Ribard

 


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