Dans la nuit du 12 au 13 octobre 2019, le cargo Rhodanus s’est échoué sur la côte corse. Dès lors et jusqu’au 22 octobre, les moyens de l’Action de l’État en mer ont été très largement déployés pour permettre, en relation avec l’armateur et ses assureurs, de déséchouer puis de remorquer le navire jusqu’à Fos-sur-Mer (13).
Il est 3 heures du matin dimanche 13 octobre quand le cargo Rhodanus, battant pavillon Antigua-et-Barbuda, s’échoue au lieu-dit Cala Longa, sur la côte sud-est de la Corse, à quelques encablures des bouches de Bonifacio, ce détroit parsemé de rochers qui sépare la Corse de la Sardaigne. Pendant 50 minutes, le sémaphore de Pertusato, la station italienne de La Maddalena et le Centre opérationnel régional de surveillance et de sauvetage (CROSS) de Corse, ont tout entrepris pour attirer l’attention du navire, en vain : le navire conservera une route rectiligne jusqu’à la côte sans répondre aux différentes sollicitations. Tous les moyens disponibles dans la zone sont alors immédiatement appelés à intervenir : la vedette SNS 063 de la SNSM, le patrouilleur italien CP306, le patrouilleur côtier de gendarmerie maritime La Jonquille et un hélicoptère Puma de l’armée de l’Air. En mission dans la zone, le bâtiment hydrographique Lapérouse est également sollicité pour apporter son soutien et son expertise à la Préfecture. Dans la matinée, le Caïman Marine de la FREMM Languedoc - alors en entraînement en Méditerranée- hélitreuille sur le Rhodanus l’équipe d’évaluation et d’intervention (EEI) de CECMED.
Phase d’évaluation et d’expertise
Cette équipe de spécialistes formés par la Préfecture maritime est rapidement déployée sur tous types de crises. Aidée des plongeurs du Groupe des plongeurs démineurs de la Méditerranée (hélitreuillés sur le Lapérouse par un second hélicoptère Caïman Marine en provenance de la Base d’aéronautique navale de de Hyères), elle fait alors un premier bilan de l’échouement : le cargo est posé sur le fond, il n’y a pas de pollution. Par précaution, le remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage Abeille Flandre et le bâtiment de soutien et d’assistance affrété Jason ont déjà été envoyés sur zone, avant même la réception des premières analyses. Dès le dimanche, l’équipe de visite de La Jonquille, ainsi qu’une équipe de la brigade de recherche de Marseille sont à bord pour commencer l’enquête judiciaire, sous l’égide du procureur de Marseille.
Le lundi 14 octobre, la ministre de la transition écologique et solidaire, Mme Elisabeth Borne, se rend sur place avec le Préfet maritime, le vice-amiral d’escadre Laurent Isnard pour rencontrer la presse, les autorités locales et les représentants du Parc marin des Bouches de Bonifacio, au cœur duquel s’est échoué le cargo.
Focus sur les moyens de sécurisation du navire et de son environnement
Pendant toutes les opérations, les experts, dont le Centre d'expertises pratiques de lutte antipollution (CEPPOL) mais aussi le service maritime portuaire de la base navale de Toulon (SMP), l’unité littorale des Affaires maritimes et bien d’autres, se relaient pour fournir des analyses très précises à la Préfecture maritime de la Méditerranée, coordonner les opérations et étudier, en lien avec l’armateur et ses assureurs, les mesures à prendre pour sécuriser le navire et son environnement. Quotidiennement, un Falcon 50 de la Base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué en Bretagne, détaché à Hyères, effectue des vols de reconnaissance de la zone afin de détecter une éventuelle pollution maritime.
Une solution se dégage à la préfecture maritime grâce au dialogue constant entre les équipes. Mercredi 16 octobre, un barrage antipollution est disposé par le Jason afin d’effectuer, en toute sécurité pour l’environnement, le pompage par la société Euro Assainissement d’hydrocarbures présents à bord. En parallèle, les 16 et 17 octobre, la stabilisation du navire est encore renforcée et le balisage de l’accès au site est réalisé par la Flottille amphibie, le Lapérouse et le baliseur des Phares et balises Iles Sanguinaires III.
Phase de déséchouement et opération de remorquage
Vendredi 18 octobre matin, suite à la validation par le Préfet maritime du plan de déséchouement proposé par l’armateur, ses assureurs et la société de sauvetage SMIT Salvage qu’ils ont mandatée, le Jason croche le Rhodanus pour procéder à son déséchouement. A 12h00, le cargo bouge, la traction permet au Jason et au remorqueur Persevero de le déplacer jusqu’à la baie de Sant’Amanza où il est inspecté.
Dimanche vers 17h00, un « certificat de classe provisoire » est enfin délivré pour le transit et la décision est immédiatement prise de faire remorquer le cargo par le remorqueur VB Fos jusqu’au port de Fos-sur-Mer (13). Il arrive à bon port le mardi 22 octobre à 09h00 après avoir longé la côte est de la Corse sous la surveillance constante de l’Abeille Flandre.