Des moissonneurs de Rens
LA BONNE INFO AU BON MOMENT
EV1 Alix P., N2 COM Toulon
« Ma mission ? Disposer d’une vision globale des événements sur toute la Méditerrannée et travailler au profit des unités déployées en opérations. Cette analyse des événements, pouvant avoir un impact sur la stabilité de la zone, est indispensable. Plusieurs cellules interviennent : analyse des contextes politiques, socio-économiques et sécuritaires des pays bordant la Méditerranée, suivi de tous les navires militaires ou encore suivi de la navigation commerciale et des trafics en tout genre ainsi que de l’immigration dans la zone. Grâce à une cellule image, nous pouvons programmer des prises de vue satellite à des fins de renseignements que nous analysons. Le renseignement, concrètement, c’est la bonne info au bon moment, à la bonne personne et avec la bonne analyse. »
RAPIDITÉ, JUSTESSE ET PERTINENCE
MAJ Fabrice P., linguiste (DRM)
« Mon travail consiste essentiellement à traduire totalement ou partiellement des documents extraits de tout type de support, audio, vidéo ou écrit. Une fois qu’il a traduit,
le linguiste peut, le cas échéant, apporter des commentaires pertinents afin de faciliter le travail de l’analyste en aval. Parfois, selon la situation, il peut être amené à effectuer une analyse de premier niveau à la suite de ses travaux de traduction, toujours en lien étroit avec l’analyste de son théâtre ou secteur d’activité. Notre mission est de renseigner le plus rapidement possible, le plus justement possible et le plus pertinemment possible la chaîne de commandement afin d’optimiser la prise de décision dans l’intérêt des forces engagées sur les théâtres d’opérations extérieures notamment. Dans le domaine stratégique, la mission consiste à collecter des données sur les capacités militaires de pays sensibles afin de connaître au mieux leurs éventuelles capacités de nuisance aux intérêts nationaux et ainsi de définir une stratégie de protection ou de défense adaptée. Mon unité, située au sein de la DRM est, entre autres, chargée de suivre les théâtres d’opérations extérieures afin de soutenir les forces engagées dans la lutte quotidienne contre le terrorisme, en leur fournissant du renseignement d’ambiance ou encore d’opportunité tactique. L’ensemble des linguistes travaille de concert avec d’autres spécialistes pour y parvenir. »
SOUTENIR LES SOUS-MARINS FRANÇAIS
MT Valérie C., TRANS IMPOSA (interprète imagerie opérationnelle spatiale), CRMar
« La cellule ROIM du CRMar est chargée (par délégation de la DRM) d’effectuer un suivi mondial de l’activité des marines étrangères (hors Méditerranée et mer Noire). Ma mission est d’assurer le soutien des sous-marins français en mer, en effectuant un suivi d’activité des marines et plus précisément des forces sous-marines étrangères dans chacun des ports militaires étrangers. L’ensemble d’une journée se concentre sur l’analyse d’un maximum d’images satellites dans le but d’effectuer une production de dossiers conséquente. Nous avons à notre disposition un ensemble de postes d’exploitation spécifiquement développés pour analyser des images satellites provenant d’une part de « deux constellations » (flotte de satellites en orbite), comportant chacune des satellites optiques, et d’autre part de deux constellations comportant chacune des satellites radars. »
PAS LE DROIT À L’ERREUR
LV Aurélie M., RENS, Centre opérationnel des forces sous-marines
« Renseigner une unité sans savoir où elle se trouve et sans qu’elle puisse vous interroger en cas de doute, tel est le défi auquel doit répondre l’équipe en charge de diffuser le renseignement au SNLE en patrouille opérationnelle. Mon rôle consiste à donner une information fiable, sur une zone immense et à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire accompagnée d’une analyse, en me mettant à la place de celui qui reçoit l’information pour répondre au mieux à ses besoins. Nous n’avons tout simplement pas le droit à l’erreur. L’enjeu est la liberté d’action et l’invulnérabilité des SNLE. »
Chouette un insigne ! Depuis septembre 2016, le personnel servant au sein de la filière renseignement de la Marine peu officiellement arborer un insigne. Cette distinction vient appuyer le rôle prépondérant que le renseignement a pris ces dernières années, alors que les services voient une augmentation de leurs capacités, et ce en raison de l’accroissement des missions. Une suite logique pour cette spécialité dont le rôle a été présenté comme prioritaire par le Livre blanc en 2008, puis en 2013. Maquettage, présentation devant des commissions (comité de la tenue et service historique de la Défense), puis officialisation, au total il aura fallu 3 ans pour voir l’aboutissement de son travail et pour que la Marine, plus particulièrement les femmes et les hommes qui constituent la filière « renseignement » puissent arborer et faire valoir leur appartenance sous un emblème commun. |
Trimaran : au courant partout, tout le temps Mis en place sur le réseau Internet le portail Trimaran permet à la Marine d’accéder à un service de surveillance maritime. De nombreux satellites optiques et radars de différentes résolutions peuvent être sollicités pour des missions. Les grands commandements maritimes ont la possibilité de bénéficier, pour répondre à leurs besoins, d’une capacité de détection et d’identification de bâtiments sur une zone donnée assortie d’extraits d’imagerie. Ce service permet notamment de démocratiser l’utilisation de l’imagerie spatiale, ne nécessitant plus le déploiement de moyens techniques spécifiques, en bénéficiant du réseau d’antenne de réception d’opérateurs civils. Trimaran permet de mutualiser les informations récoltées et ainsi de tenir à jour la situation maritime dans une zone donnée. Il s’est révélé particulièrement adapté, dans le cas de la Guyane, aux missions de police des frontières, de lutte contre l’orpaillage illégal et la pêche illicite (recherche / suivi de navires d’intérêt de la taille d’un bâtiment de pêche). Trimaran, en complément des moyens d’action dont dispose la Marine, optimise et contribue ainsi à augmenter l’efficacité de la surveillance. Ainsi, il agit en parfaite complémentarité des moyens d’actions prépositionnés sur le terrain. En juin dernier, des navires vietnamiens pêchant illégalement dans les atolls d’Entrecasteaux (Nouvelle-Calédonie), qui est une aire marine protégée, ont ainsi été détectés. Le système a fourni des indications clés en amont, qui ont permis de déclencher une opération ayant abouti au déroutement du navire et à la saisie d’1,5 tonne d’holothuries, plus connues sous l’appellation courante de « concombres de mer ». |
Source: Marine nationale
Droits: Marine nationale