Le sauvetage en mer a été déclaré grande cause nationale pour 2017 par Manuel Valls, alors Premier ministre, lors du Comité interministériel de la mer du 4 novembre 2016, à Marseille. Retour sur trois cas de sauvetage en mer qui illustrent tout le panel de missions de la Marine, qui est la seule capable de mettre en œuvre les capacités nécessaires aux interventions et mener des opérations aéromaritimes pouvant aller jusqu’à des modes d’action de haute intensité.
© M.DENNIEL/MN - Un Caïman Marine et une vedette de la SNSM d’Erquy (Côtesd’Amor) prennent en charge un homme à la mer sur la zone d’exercice au large de l’île de Bréhat, en octobre 2016 : un exercice de sauvetage aéromaritime baptisé Douaran 2016.
Janvier 2017, le détachement Falcon 50M de la flottille 24F, déployé à Dakar (Sénégal) dans le cadre des missions SAR, est engagé dans une mission de secours en mer au large du Cap-Vert. Sur ordre du CROSS Gris-Nez, il décolle immédiatement pour porter assistance au voilier Focus en détresse. Tout en restant en contact avec le CROSS qui coordonne l’opération de sauvetage, et les éléments français au Sénégal (EFS), le Falcon 50M rallie la position de détresse à plus de 800 km/heure. Le voilier est localisé par l’équipage Xenon B, en particulier grâce à son système AIS (Automatic Identification System). Avec un état de mer forte (force 5), des rafales à 35 nœuds, un dialogue est engagé avec l’équipage du voilier en détresse. Rassuré par l’état de santé des deux occupants du voilier, la mission de l’équipage du Falcon 50M consiste à rechercher puis dérouter le navire le plus proche afin de lui porter assistance.
OPÉRATION OUTRE-MER
En avril 2017, l’hélicoptère Panther de la 36F embarqué à bord de la frégate de surveillance (FS) Floréal dans la zone sud de l’océan Indien est engagé pour évacuer un marin pêcheur français grièvement blessé à l’œil. Il rejoint rapidement la position GPS du palangrier réunionnais Kevin Morgane, situé à environ 110 km des côtes réunionnaises. En quelques minutes, le plongeur, le médecin et le matériel médical sont hélitreuillés. Après un premier bilan médical, le besoin de procéder à une évacuation du blessé par civière est confirmé. Une fois le treuillage effectué, le Panther repart en direction de l’hôpital de Saint-Pierre où le blessé est pris immédiatement en charge par une équipe médicale du SAMU.
UN SAUVETAGE EMBLÉMATIQUE
Papeete, le 5 août 2013. Le Maritime Rescue Coordination Center (MRCC) reçoit un appel de détresse du Zhong Yang 26, victime d’une voie d’eau. Le navire chinois croise à 60 nautiques de Rapa, une île située au sud de l’archipel des Australes. L’avion de surveillance maritime Gardian de la flottille 25F basé à Faa’a est immédiatement dépêché sur place pour relocaliser et prendre contact avec le navire couché sur le flanc. Ses treize membres d’équipage se sont alors réfugiés sur sa coque. Le Gardian largue à proximité du navire en détresse deux chaînes SAR constituées d’éléments nécessaires aux personnes en détresse en mer (canot gonflable, balise, radio et matériel de survie). L’hélicoptère Dauphin N3 du détachement 35F quitte à son tour Tahiti le jour même, afin d’être en mesure d’hélitreuiller les marins chinois. Au bilan : six marins sont sauvés.
Témoignages
MP Cyrille, plongeur de bord basé à Lanvéoc-Poulmic
« Affecté au CESSAN (Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale) depuis un an, je forme le personnel naviguant à la survie en mer. En flottille, à terre et en mer, j’occupe un poste de technicien et participe aux vols d’entraînement de formation et de qualification des équipages des aéronefs, ainsi qu’aux missions opérationnelles comme le sauvetage en mer. Il y a deux ans, nous sommes intervenus sur un ferry où un passager était victime d’un malaise cardiaque avec un état stable. Nous devions descendre à bord avec l’équipe médicale pour faire un bilan puis conditionner la personne pour la transporter à l’hôpital. Nous devions faire route retour en 30 minutes mais quand je suis arrivé à l’infirmerie du bord avec la civière, la personne avait fait un arrêt cardiaque. Au bout de 3 minutes après les actions de l’équipe médicale du ferry et de notre équipe, le cœur s’est remis à battre mais il s’est relâché 5 minutes après. Malgré tous nos efforts pendant plus d’une heure, la personne n’a pas pu être sauvée. Nous avons quitté le bord avec une grande amertume et épuisés par les massages réalisés. »
Alain Quivoron, ancien marin patron d’embarcation de la SNSM à Portsall (Finistère)
« Après avoir fait l’École de maistrance, spécialité de navigateur, puis officier spécialisé de la Marine dans la branche nautique, j’avais envie de me rendre utile dans un contexte d’activité opérationnelle et de forte cohésion. Mon rôle au quotidien est le sauvetage des vies humaines en mer et l’assistance en général, mais également l’entretien et la formation avec le souci permanent de la préservation des équipiers embarqués. Récemment, j’ai porté assistance à un voilier anglais avec une voie d’eau. »
LV Sébastien, pilote Dauphin SPI de la 35F àHyères
« Mon rôle est de maintenir un très haut niveau d’expertise et de savoir-faire du personnel et veiller en permanence à garantir la meilleure réactivité possible en cas d’alerte. Je suis chargé de certifier la faisabilité de la mission en termes de distance, de capacité d’emport, de carburant, de météorologie, mais également et cela reste le plus complexe, de renoncer si le risque encouru par l’équipage devient trop important.
Récemment, une demande d’évacuation médicale nocturne est lancée par un voilier au large de l’île du Levant, pour porter secours à une femme se plaignant d’une migraine très violente, l’empêchant de manœuvrer son bateau. Nous décollons 30 minutes plus tard vers l’hôpital Ste-Musse (Toulon) pour y récupérer l’équipe médicale du SMUR composée d’un médecin et d’un infirmier. Grâce à nos entraînements répétés sur voiliers, nous réussissons, en dépit de la petite taille de l’embarcation et de l’obscurité, à treuiller le plongeur à bord. L’arrivée sur zone d’une vedette de la SNSM nous permet ensuite de minimiser les risques en transférant la patiente sur cette vedette avec laquelle nous nous exerçons très régulièrement. »
Une stratégie rassurante
L’aide médicale apportée aux victimes obéit aux principes de l’aide médicale d’urgence. Elle est assurée en haute mer par les équipes médicales du Service de santé des armées (SSA) et par des équipes des services médicaux d’urgence et de réanimation maritimes (SMUR) dépendant de centres hospitaliers du littoral. L’unité médicale d’intervention en milieu maritime (UMIMM) du bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) est également mobilisable sous 2 heures et peut organiser un poste médical avancé (PMA) sur le navire sinistré ou sur un navire support à proximité. Les plots d’hélicoptères SPI, dont le régime d’alerte permet de répondre à un besoin de projection rapide des moyens d’intervention, sont au cœur du dispositif.