Du 15 mars au 25 avril 2017, le vice-amiral d’escadre Jean-Baptiste Dupuis est allé à la rencontre du personnel militaire et civil de la Marine lors de la traditionnelle tournée des ports annuelle. Il revient sur ces rencontres avec les marins et fait un point sur la politique des ressources humaines et les préoccupations actuelles de la DPMM.
COLS BLEUS :Amiral, que retenez-vous de votre première tournée des ports ?
VAE Jean-Baptiste Dupuis : Tout d’abord l’engagement et l’enthousiasme des marins pour remplir leur mission et également leur franchise. La Marine dispose d’un personnel de qualité, pleinement conscient de ses atouts extraordinaires, mais aussi des difficultés qu’elle doit affronter. Je retiens également mes échanges au contact des marins, au cours des déjeuners ou pendant les tables rondes. Les débats étaient riches et animés, toujours constructifs pour faire avancer la réflexion dans la même direction, celle de la mission. Je suis très satisfait des discussions que j’ai pu avoir avec les marins de tous grades et de toutes unités rencontrés car ils permettent à la DPMM d’avancer.
C. B. :Quel est le message principal à retenir concernant la politique RH mise en œuvre par la DPMM ?
VAE J.-B. D. : Chaque marin compte et la Marine compte sur chacun d’eux, cette relation réciproque est fondamentale. Quels que soient sa spécialité, son niveau d’emploi, son statut ou son parcours, chaque marin doit prendre conscience qu’il est un maillon essentiel de la Marine.
L’humain est au cœur de cette politique, à travers l’individualisation de la gestion au sens global. La DPMM est attentive à chaque marin, à ses aspirations comme à ses difficultés, et le dialogue permet de bâtir des parcours individualisés autant qu’il est possible de le faire. À l’inverse, les marins ne doivent pas perdre de vue qu’ils sont militaires et qu’à ce titre ils doivent faire face à des contraintes inhérentes au métier ou au parcours professionnel suivi. Je fais référence ici à la mobilité, aux affectations lointaines, aux rythmes opérationnels qui sont réels mais que nous veillons à limiter autant que possible pour ne pas que cela pèse trop fortement sur le personnel.
C. B. :Le recrutement est un enjeu majeur. Quelles ont été les dernières évolutions et quel est le cap à adopter pour les prochaines années ?
VAE J.-B. D. : La Marine compte 42 000 marins, civils et militaires. Le recrutement a toujours été un enjeu majeur pour la Marine et l’est encore plus depuis les attentats de 2015, qui ont conduit au gel des déflations. À titre d’exemple, pour 2017, nous recrutons entre 3 500 et 4 000 marins ce qui représente 9 % des effectifs. C’est autant qu’une entreprise de 150 000 personnes. C’est considérable.
Depuis 2014, le recrutement a augmenté de près de 60 % pour le personnel officier et d’environ 40 % pour le personnel officier marinier et équipage. Par ailleurs, je veux rappeler que le recrutement officiers par voie interne offre de belles perspectives de carrière aux officiers mariniers. Nous avons besoin de leur expérience pour consolider l’ossature et la richesse de notre Marine. Cette voie illustre bien l’escalier social que la Marine promeut.
Enfin, le recrutement ne se limite pas à l’active. Il est également déterminant dans la réserve qui connait une forte montée en puissance et participe concrètement aux missions de la Marine. Ce soutien est aujourd’hui indispensable à nos forces pour lesquelles elle agit comme un véritable ballon d’oxygène.
Le personnel civil connait aussi une augmentation de ses effectifs : les départs d’agents civils sont aujourd’hui plus que compensés par un recrutement important.
Je veux enfin rappeler que le marin est le premier recruteur. La majorité des marins sont dans la Marine parce qu’un proche les a motivés à l’engagement. C’est pourquoi je remercie les quelque 800 marins des forces et des écoles qui, au-delà des escales de nos bâtiments et des échanges avec les villes marraines, ont contribué activement aux actions de recrutement menées par le service de recrutement de la Marine (SRM) depuis 2015. Je suis conscient des efforts consentis par leurs unités. Ils contribuent assurément au succès global de notre manœuvre RH depuis 2015.
C. B. :Pouvez-vous nous décrire plus précisément les mesures de fidélisation mises en place par la Marine ? Quelles sont les autres mesures d’accompagnement des marins ?
VAE J.-B. D. : La fidélisation doit être la préoccupation de tous. Depuis un an, dans le cadre du plan de valorisation de la condition militaire et pour compenser la forte augmentation des sujétions, des mesures indemnitaires importantes ont été décidées (voir encadré). Ces mesures marquent la reconnaissance de l’engagement des militaires, sur le territoire national comme en opérations extérieures.
Dans le domaine de l’accompagnement du marin et de sa famille, la Marine a diffusé un document de politique sociale, dont l’objectif est de définir ses priorités vers les nombreux organismes qui y concourent : hébergement en enceinte militaire dans des conditions de vie décentes, accompagnement de la famille durant les absences, aide à la mobilité géographique du marin et de sa famille, développement de la communauté marine, offre de loisirs. Par cette démarche, la Marine démontre sa volonté de soutenir les familles et d’améliorer la conciliation « V2P » (vie privée et vie professionnelle) de son personnel, gage d’efficacité pour la réalisation des missions qui lui sont confiées.
C. B. :Quelles sont vos principales préoccupations pour les mois à venir ?
VAE J.-B. D. : Le programme Source Solde, appelé à remplacer à terme Louvois, constitue une priorité pour la DPMM. La Marine a été choisie pour être la première armée à basculer sur ce système. Nous sommes actuellement dans une phase de tests durant laquelle nous vérifions la capacité du logiciel à générer une solde exacte pour l’ensemble des marins. La bascule sur Source Solde ne se fera évidement que si nous sommes absolument certains de la parfaite capacité du système à produire une solde juste.
Les marins isolés sont également au cœur des préoccupations de la Marine. L’accès à l’actualité RH de la Marine sur Internet, la diffusion d’un guide spécifique, l’apport d’un soutien en termes de gestion ou d’habillement sont autant d’éléments visant à limiter leur isolement, qu’il soit géographique ou informatif, et à consolider leur identité de marin.
Enfin, mon travail quotidien est de fournir des marins formés et motivés aux employeurs de la Marine. La diversité des métiers et des employeurs constitue un défi quotidien pour la DPMM. Le recrutement, la formation, l’emploi et la fidélisation répondent au besoin de fournir aux unités, qu’elles soient opérationnelles ou du soutien, des marins motivés, heureux et fiers, aptes à tenir leur emploi en tout temps et en tous lieux.
Propos recueillis par l’ASP Nicolas Cuoco
© Marine nationale - Les marins se sont déplacés en nombre pour assister aux conférences plénières.
Mesures d’amélioration et de valorisation de la fonction militaire
Mesures indemnitaires prises en 2016 :
• Paiement de deux jours de permissions complémentaires planifiées (PCP).
• Création de l’indemnité d’absence cumulée (IAC).
• Doublement de l’indemnité de sujétion d’alerte opérationnelle (AOPER) avec une extension aux fonctions de sécurité de protection des unités militaires.
Ces mesures ont été complétées par les décisions suivantes (publiées par GNM le 12 mai 2017) :
• Le doublement de l’indemnité de sujétion d’absence du port-base (ISAPB).
• Revalorisations de l’indemnité spéciale de sécurité aérienne (ISSA) et de l’indemnité de mise en œuvre et de maintenance des aéronefs (MAERO).
• Augmentation du contingent de primes de haute technicité (PHT).
© Marine nationale - Table ronde avec les représentants du personnel non-officier de la Force d’action navale de Brest.